Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 259

s'écriaient-ils, et cependant « nous sommes les seuls juges de la foi! (4) »

Sur douze bailliages de la région, trois laissèrent passer des évêques: Laon, Amiens, Clermont de Beauvoisis. Un quatrième, Boulogne, prit pour son député unique le vicaire général du diocèse. Péronne partagea sa représen(ation entre son curé et un prieur de couvent. Les assemblées ecclésiastiques de Calais, Montreui!, Abbeville, Soissons, Saint-Quentin, Senlis et Beauvais élurent exclusivement des curés.

L'évèque duc de Laon, M.de Sabran, avait beau être pair de France, grand aumônier de la reine ; il reçut pour compagnon aux États généraux un curé des plus plébéiens, et dut agréer un cahier (2) sur beaucoup de points contraire aux intérêts de la caste et à ses opinions.

De même l'évêque d'Amiens, M. de Machault, fut associé à un misérable « congruiste » et devint dépositaire des Doléances les plus détaillées du clergé inférieur contre le haut clergé. Il donna l'incroyable spectacle de protester luimême et de faire protester son chapitre, les dignitaires de sa cathédrale, les bénéficiers, les religieux, etc. contre le mandat qu'il avait sollicité ou plutôt qu'il avait extorqué en imposant à ses inférieurs, ses égaux comme électeurs dans une réunion politique, sa supériorité religieuse. Le cahier (3) commandait le vote par tête; se déclarant, par acte personnel postérieur à sa nomination, pour le vote par Ordre, il se mit réellement en révolte contre ses commettants.

Eliminé par l'assemblée de son siège, qu'il présidait dans son propre palais, et dont il lui fallut signer le premier le cahier, remis entre les mains d'un curé de campagne, l'é-

(L) Arch. nat. manuscrites, B II, 3 et 4, 154, Picardie et Vermandois, (2) Arch. part. NI, 134.

(3) Arch. part. I, 732.