Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

260 LES CAHIERS DES CURÉS

vèque comte de Beauvais, M. de la Rochefoucauld-Payers, pair de France, fut condamné à chercher son élection parmi les curés naïfs de Clermont-en-Beauvoisis. Il leur fit élire, en même temps, son confrère de Bonal, qui n'avait pu se faire nommer à Clermont-Ferrand. Qui pis est pour l’honneur des deux prélats élus, le cahier de leurs électeurs (1) est d’un esprit absolument opposé à la conduite qu'ils tinrent dans l’Assemblée nationale, sauf quant au vote par Ordre, — admis, comme dans plusieurs bailliages où les curés, bien qu’en majorité, le concèdent sous réserve expresse d’une réforme totale de l'Ordre du clergé.

Ces prélats, pour tromper leurs subordonnés et acquérir des voix dans le but d'empêcher ce que leurs électeurs désirent, vont jusqu'à promettre de faire ce qu'ils n’ont jamais fait lorsqu'ils étaient les maitres : « de placer sous les yeux du clergé du second ordre le tableau exact des décimes du diocèse, afin que chaque contribuable s'assure si la répartition est faite également. » Ils consentent à ce que « si le clergé conserve le privilège de s'imposer lui-même, un député de chaque ordre ecclésiastique, librement élu tous les trois ans en synode, fera partie du bureau diocésain et des autres assemblées ecclésiastiques. »

Ces articles n'avaient, il est vrai, été précipitamment insérés par le bureau épiscopal que pour empêcher l'adoption d'un vœu révolutionnaire, ainsi formulé par le curé de Mouy, Saveutin :

« Le premier moyen de payer une partie de la dette nationale serait la refonte de tout l'or et de l'argent ouvragés, enfermés dans lestrésors et sacristies des églises de France, et qui appartiennent à la nation bien plus qu'aux moines qui en ont le dépôt. Ge sont des trésors enfouis qu'il est juste que l'État, que le roi surtout fasse valoir dans une

(1) Arch, part. 1, 744-745,