Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LÜÊTÉ ECCLESIASTIQUE 261

conjoncture aussi pressante, puisque ces trésors proviennent pour la plus grande partie de la libéralité des rois, ses prédécesseurs. Il est passé en proverbe que le trésor de la Grande-Chartreuse suffirait pour la rançon d’un roi de France... On sent, du reste, que cette refonte ne s’étendrait que sur ce qui ne sert pas journellement au culte des autels. »

La motion présentée en particulier aux curés réunis à l’assemblée électorale de Bcauvais fut trouvée « raisonnable, légitime et d’une exécution prompte. » Divers membres delanoblesseetdu tiers-état s'en montrèrent également partisans. Néanmoins on empèêcha son auteur de la produire, parce que «sa tentative eût été inutile » et qu'il se fût exposé «peut-être à l'animadversion du prélat président, sûrement à la haine des moines, qui l’auraient taxé d’impiété pour vouloir, nouvel Osa, porter une main sacrilége sur l'Arche du Seigneur ! (1) »

Les vœux de ce genre se retrouvent souvent dans les cahiers primitifs des paysans, quelquefois dans les cahiers réduits du tLiers-état. L'influence épiscopale réussit à les faire effacer des cahiers officiels du clergé. Mais il n’en reste pas moins historiquement établi que l’aliénation totale des biens ecclésiastiques était reconnue juste par le bas clergé et que c’est un curé qui a proposé la saisie des inutilités « sacrées » pour l'utilité de la patrie.

Si, à Péronne, réguliers et séculiers s'entendent pour nommer un député de chaque catégorie; si l'élu des moines n’est pas le président de l'assemblée, l’abbé régulier de Vaucelles, le révérendissime vicaire général de l’ordre de Citeaux, c’est évidemment que les religieux inférieurs et les curés font alliance contre l'aristocratie des deux clergés. Ce que prouve le Cahier (2).

(1) Lettre à Necker, 22 avril, Arch. nat., B. III, 22, f. 470-474 (2) Arch. part. V., 346-355,

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