Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

368 LES CATIERS DES CÜRÉS

Trois-Évéchés, le Luxembourg français et le Barrois. Les évêques de Metz, Toul ct Verdun étaient suffragants de Trèves, comme l'évêque de Strasbourg de Mayence.

La Lorraine, ecclésiastiquement isolée de la France et toujours rattachée à l'Allemagne, formait ce qu’on appelait un « pays d’obédience », c'est-à-dire sans concordat ni usages propres, possédant des immunités cléricales très étendues, sous les règles de la Chancellerie romaine repoussées par la monarchie française (1). Ce qui n’empêcha pas cette région de produire le plus gallican des révolutionnaires religieux : l'abbé Grégoire.

D'ailleurs, pas plus là que dans le reste du pays, la papauté ne jouissait du moindre crédit, n’exerçait la moindre influence ; «le pape, ce nom cher et sacré à tous les prètres de notre temps, » dit l'abbé Mathieu (2), « ne représentait guère pour les prêtres du dix-huitième siècle qu'une sorte de roi constitutionnel de l'Église, intervenant rarement dans leurs affaires et toujours sous le bon plaisir etle contrôle, accepté de tous, du parlement et du souverain. »

Sous l’action principalement de Grégoire, curé d'Embermesnil et de Galland, curé de Charmes, les pasteurs des paroisses lorraines s'étaient, dès la fin de l’année 1787, syndiqués, sur le modèle de leurs coafrères dauphinois. Leur organisation s'élait manifes{ée, le 21 janvier 1789, contre l'aristocratie laïque et ecclésiastique, par une Déclaration, dans laquelle les curés renonçaient, pour le clergé, à tout privilège en matière d'impôt, et se prononçaient en faveur du vote par tête, au sein des États généraux, le tiers-état ayant autant de représentants que les deux autres Ordres réunis. Les lettres collectives, réitérées, que le comité de

(4) L'Ancien régime dans la province de Lorraine et Barrois, 1788-1789, Paris 1879, in-8, par l'abbé D. Mathieu, p. 117. (2) P. 155.