Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUÏTE ÉCCLÉSIASTIQUE 281

Au bailliage d'Auxerre, l'évêque est un Champion de Cicé, frère de l'archevêque de Bordeaux qui vient de se distinguer par un mandement très démocratique soulevant l'enthousiasme de la France entière. Il a d'autant moins de peine à obtenir les voix des curés et pour luimême et pour le doyen de sa cathédrale qu'il leur permet, — hormis les questions de principe, — d'écrire tout ce qui leur plait dans le cahier qu'il contresigne (1).

Autun à pour évêque un Talleyrand-Périgord, celui-là même qui, l’année d’après, sacrera les premiers évêques constilutionnels; qui, complice de Bonaparte au dix-huit brumaire, méritera de devenir duc de Bénévent sous l'Empire, et, grâce au Concordat, d'être relevé à la fois et de l'excommunication encourue par son adhésion à la Conslitution civile et du vœu de chasteté qu’il n'avait jamais tenu ; le plus célèbre des diplomates sous trois ou quatre régimes, qu'il trahit également ; le plus spirituel, le plus sceptique, le plus immoral des hommes ecclésiastiques et politiques que le monde ait connus. Les électeurs de son bailliage et siège épiscopal assemblés, il fit un long discours, dans lequel se trouve à peine un mot surla religion, à propos de la liberté de la presse, « qui doit être assurée, hors les cas où la religion, les mœurs et les droits d'autrui seraient blessés. » — Quant au clergé, rien, absolument rien. — Les électeurs néanmoins sont émerveillés et estiment le cahier d'Autun fait et parfait du moment que Monseigneur « a dit » (2).

A Dijon, l'élection se partage entre l'évêque et un curé de la banlieue. La contradiction du scrutin se retrouve dans le cahier, qui, d’ailleurs, fut à peine discuté et signé sans avoir été relu. L'épiscopat avait fait traîner les séances

(1) Arch. parlem. 1, 108-114. (2) Arch. P. II, 100.

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