Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 287

doléances etchoisirait ses mandataires séparément «à moins qu'ils ne préférassent y procéder en commun. » Cette préférence ne s'étant pas manifestée, il déclara l'assemblée générale close et invita le clergé, la noblesse el le tiers-état à se constituer.

Le clergé, dans la soirée même, forma son bureau de l'abbé de Clairvaux, président, et d’un curé, secrétaire. Un débat s'engagea sur les rangs à occuper, et, le 14, une « place de distinction » fut accordée aux commandeurs de l'Ordre de Malte. La commission de rédaction, en majorité occupée par le clergé inférieur, fit lire, le 23, par le curé de Saint-Léger, rapporteur, le projet de cahier général. Toute la journée du lendemain se passa en débats, au bout desquels il fallut nommer une commission spéciale de six membres pour la rédaction définitive, qui ne fut adoptée, en troisième lecture, que le 26. Deux délégués de la noblesse se présentèrent, proposant au clergé la communication réciproque des cahiers et leur jonction, si c'était possible. Mais ce ne l'était plus ; la noblesse avait adopté le vote par Ordre, tandis que la majorité du clergé, se dégageant brusquement des influences monacales et aristocratiques, venait de se prononcer en faveur du vote par tête. Le 27, les opérations électorales ecclésiastiques s’achevaient par la nomination de deux curés de campagne.

Le cahier, d'ailleurs, dans son ensemble, et, en particulier, dans son chapitre de « l'administration du temporel du clergé », était, lors de son dépôt, le 29 mars, en assemblée générale des trois Ordres, contesté par une « Protestation des abbés, prieurs commendataires, chapitres des églises et cathédrale de Langres et des communautés religieuses du ressort de ce bailliage, comme contraire aux droits de propriété qui doivent être sacrés et inviolables. »

La protestation portait surtout contre les articles réclamant : le vote par tête et non par Ordre ; — l'abolition des