Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMÉENŸ DU JEU DE PAUME 324

ensuite de n’accepter aucune grâce ni faveur durant la tenue des États généraux et un an après. Comme les privilégiés réitéraient leur renonciation solennelle à toute exemption d'impôts, le curé à portion congrue de Charly, l'abbé Lemaire, s'écria qu'un vote collectif ne suffisait pas et qu'il fallait l'appuyer de sacrifices personnels. Il monta au bureau et y déposa tout ce qu'il possédait: une bourse contenant vingt-cinq louis. L'assistance était émue jusqu'aux larmes. Sur la proposition d'un membre de la noblesse, le fait fut mentionné au procès-verbal «comme un monument éternel de grandeur d'âme et de dévouement au bien public ». A la sortie du Te Deum, un délégué du tiersétat déposa une couronne civique sur le front du vénérable pasteur, porté en triomphe. Dans les trois Ordres, formant un même cortège, — écrit l’ultra-réactionnaire rédacteur de l'Amidu roi, ému lui-même par ce souvenir de l'aurore de la liberté française, — « on n’entendait plus que lesnoms de frères et d'amis, répétés avec l'attendrissement de la joie et du patriotisme le plus pur ».

IV LE MARIAGE DES PRÈTRES

En 1780, Condorcet avait écrit :

« Les précautions qu'on prend pour conserver la pureté des mœurs des prêtres sont un objet de scandale. Les évèques les traitent comme les sultans traitent leurs frères, à quiils$ne permettent de vivre qu'avec des femmes hors d'état de donner des princes à la famille impériale. On leur permet cependant d'habiter avec des jeunes filles, pourvu qu'elles soient leurs sœurs ou leurs nièces. Dans quelques