Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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diocèses, on va plus loin : l'on ne permet aux prêtres d'avoir chez eux que des garçons. On craint les faiblesses ou l'indécence, on ferme les yeux sur la débauche et sur les crimes. » (1) |

La question, très délicate, du mariage des prêtres, — à laquelle le Vicaire Savoyard » de J. J. Rousseau ne fait qu'une allusion, — avait été, en 1770, très neltement posée par un économiste expliquant ceci :

« Chaque célibataire coûte réellement à la nation deux individus et la possibilité de plusieurs autres...

« Pour l'ordinaire, le célibat n’est qu’un nom; c'est un état de forme qui, dans la pratique, n'a rien de vrai. Il serait aussi absurde de supposer vierges tous les célibataires que de croire que tous les avocats plaident. » (2)

Nous avons vu les idées de cet anonyme et de Condorcet reprises, durant la préparation des élections de 1789, et par des publicistes laïques comme Pétion, et par des moines, comme l’auteur du Tableau moral du clergé (3).

Parmi les brochures innombrables que les élections aux États généraux suscitèrent, nous n’en connaissons qu'une, émanant d'un ecclésiastique (H, où soit traitée cette question délicate. C’est la plainte sérieuse ct touchante d’un curé de campagne, développant la pensée de l'auteur d'Émile que « l'attrait de la vie domestique est le meilleur contrepoison des mauvaises mœurs. »

(1) Recueil de pièces sur l'élat des protestants en France, OEuvres de Condorcet, édition O'Connor-Arago, 1847, in-8°, t. V,p. 532, en note.

(2) Du droit du Souverain sur les biens fonds du clergé (par Gerfvol, d'après Barbier), in-8e, de 16% pages, (Bibl. nat. La f 3008,) p. 104.

(3) Voir première partie de ce volume, p. 181.

(4) A. NN. SS. Les États généraux, mémoires sur le célibat des curés de campagne, petite brochure in<°, de la bibliothèque révolutionnaire du Louvre.