Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

332 LES CAIHIERS DES CURÉS

— « élaient, dans l’origine, une juste reconnaissance du troupeau envers ceux qui, ayant tout sacrifié au soin de le conduire, n'avaient autre chose pour pourvoir à leur subsistance. Mais, aujourd’hui que nos pères ont comblé l'Église de toute sorte de biens, qui surpassent infiniment ce qui est nécessaire pour subvenir aux besoins de ses ministres et Les jettent trop communément dans les désordres d'un luxe scandaleux, la dime n'est plus qu'un impôt odieux, source de discorde entre le pasteur et ses ouailles et dont la justice duc au peuple qui en est vexé exige la suppression, — sauf, pour pourvoir à la subsistance ct à l'entretien des curés et vicaires, à supprimer les titres de tous les bénéfices qui sont devenus inutiles à l'Église... Mais si la suppression des abbayes, prieurés et chapellenies ne pouvait s'opérer, dans ce cas, loutes les dimes doivent être distraites des bénéfices auxquels elles sont jointes, pour être réunies aux cures, à la charge par les curés de payer à leurs vicaires et desservants une portion congrue, d'administrer et faire administrer les sacrements el de faire les inhumations sans aucune rétribution ».

Beaucoup d'assemblées du troisième Ordre craignent que les États généraux ne puissent effectuer la réforme radicale désirée de la vente des biens du clergé et de la conversion des dimes multiples en un impôt uniforme. Elles demandent alors que «les dîimes soient ramenées à l'esprit de leur institution et restituées aux curés »; que, d'autre part, elles soient réduites aux quatre gros fruits, distraction faite des semences et leur perception simplifiée à des taux invariables.

Les bailliages ruraux exigent souvent que les dimes deviennent affermables ou rachetables en nature ou en argent, au gré des cultivateurs el sans que ceux-ci puissent jamais plus être entravés par les décimateurs dans la liberté de leurs cultures.