Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

338 LES CAILIERS DES CURÉS

« soient restituées aux curés, vu qu'elles leur appartiennent de droit commun », répétent les curés du Mans, de Montargis, de Ghaumont-en-Bassigny, de Calais, etc.

L'article, cependant, ne passe ainsi, sous forme violente que dans un assez petit nombre de baïlliages. Il en est où les curés ne se faisent sur ce point que parce l'abolition de la dime est réclamée par leurs amis du tiers-état qui en même temps proposent pour eux des honoraires fixes, payés par l'État ou par les assembléesprovinciales.

Rien ne leur convient mieux; car les dimes leur étant restiltuées, ils se fussent trouvés dans la situation des anciens décimateurs vis-à-vis des décimés, exposés à des procès continuels, à des injures quotidiennes, à la haine et au mépris de leurs paroissiens.

Il païaït, d'ailleurs, très-douteux, en diverses régions, que les paysans — qui ne paient déjà plus les droits féodaux, les ayant abolis dans les cahiers écrits en leur nom et signés de leurs croix — consentent à acquitter la dime, quelle que devienne son attribution.

Les timides curés de Condom (1), en demandant une vérification des biens du clergé, dans chaque diocèse, par ord-e des États généraux, appellent l'Assemblée nationale à leur secours, vu que « commencent à se répandre dans l'esprit des peuples les idées les plus contraires à la perception des dimes, et que bientôt ils ne verront plus que des usurpateurs avides dans les ministres de la religion. »

Partout où préside un évêque — dont les curés n’ont jamais eu la pensée de contester l'autorité spirituelle, — partout où des abbés mitrés sont appuyés par de gros décimateurs riches et puissants, les curés, même s'ils se voient les plus nombreux, sont arrêtés, dans l'expression de leur pensée sur les dimes et les biens d'Église, par les uns in-

(1) Arch, part, WII, 33-36.