Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 341

sociélé, démontre-t-il, lorsqu'une fondation se fait, « a droit d'en déterminer la forme et d’en diriger l'usage ; elle conserve toujours celui de la restreindre, modifier, et d'en extirper successivement les relächements et les abus. » Les propriétés ecclésiastiques, conclut-il, « ne sauraient être considérées que comme soldant les services que la nation reçoit du clergé : or, si l’on met en balance les services que rendent les évêques et les archeyèques, d’un côté, et, de l'autre, cette immensité de grâces, füt-il jamais un service plus disproportionné avec ce qu'il coûte! »

Le bas clergé avait perdu toute foi dans « le caractère sacré » des biens de l'Église. Sa misère déshonorante et l'opulence immorale du haut clergé le rendaient, contre la propriété ecclésiastique, aussi « radical » que le peuple des campagnes contre la propriété féodale. La similitude des souffrances, des humiliations et des haines entre le « manant » et le « congruiste, » a été l’une des causes déterminantes dela destruction de l’ancienne société.

La vraie pensée des curés s'exprime le plus souvent dans les cahiers des paroisses. Dans les cahiers officiels, même lorsqu'ils les rédigent librement, ils se contiennent, n'osant rompre avec leurs supérieurs religieux, ayant peur de se compromettre trop, au cas où la révolution, à laquelle ils aident leurs paroissiens, ne réussirait pas.

Néanmoins la défiance que l'épiscopat noble inspire éclate partout. Ce n'est pas des évèques que le clergé paroiïssial attend justice ; c’est au roi qu'il la demande, c’est à l'Assemblée nationale qu'il la réclame (1).

Les curés de Montreuil-sur-Mer sont d'une franchise et d’une audace exceptionnelle contre « la distribution plus qu'imparfaite des riches fonds de l'Église, afin que cesse la misère des ecclésiastiques qui, supportant tout le poids

(4) Cahiers de Toul, Tulle, Abbeville, Champs, ete.