Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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mêmes principes, demande-t-on partout, seront également respectés : défense libre, jugement motivé, plus de détention sans cause déclarée ! — « Qu'on ne puisse jamais être arrèté par les juges d'église ou civils sans avoir été entendu ! » disent les curés de Sézanne et de Châtillon.

Les étourderies de vicaires-généraux imberbes, les fantaisies violentes d'évêques sans mœurs ni foi, ont exaspéré le clergé paroissial. IL ne veut plus, sous prétexte de hiérarchie ecclésiastique, d'administration paternelle, se laisser déplacer, suspendre, interdire, affamer et déshonorer. IL réclame les droits de l'homme et du citoyen avec autant d'énergie ct d'enthousiasme que la noblesse et le Liersétat. Dans ceux même descahiers des curés, où le fanatisme religieux fait condamner la liberté de la presse et la tolérance envers les non-catholiques, la liberté individuelle est revendiquée exactement comme dans les cahiers laiques.

L'exécrable usage de lettres de cachet signées du roi et distribuées en blanc aux intendants, aux évêques, aux courlisans, aux courtisanes, permettant au détenteur de faire saisir par la police, exiler, emprisonner quiconque leur déplaisait, sans en rendre compte à la justice ni expliquer le motif à la victime, subsista, on le sait, jusqu'à la prise de la Bastille.

On n'avait pas oublié, en 1789, parmi les curés, dans les communautés religieuses ennemies des jésuites, les cent mille lettres de cachet lancées contre les Jansénistes. D'ailleurs les effets de la grande persécution de « Ta secte, » subsistaient encore dans plusieurs provinces, comme le prouvent les cahiers ecclésiastiques.

A Forcalquier, les religieuses de la Visitation, — qui avaient commis le mème crime que, de nos jours, les sœurs de Sainte-Marthe, c’est-à-dire dont la conscience n'avait pu subir « les nouveaux dogmes et qui n’avaient point signé