Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 397

Pour eux-mêmes, comme pour (ous les ciloyens, les curés revendiquent l’égale admissibililé aux fonctions et dignités, « sans distinelion quelconque de naissance, la préférence étant donnée au mérite (1). » — Ils dénoncent comme une violation flagrante des règles canoniques, sans qu'aucune loi les ait abolies ou restreintes, le fait général de l’exclusion des hautes places ecclésiastiques, dont ils sont viclimes, roturiers, nobles mème, « quoique le mérite et la vertu soient de tous états (2). » — Les curés, répètent-ils sans cesse, «étant les plus utiles de la hiérarchie ecclésiastique après les évèques, pourquoi ne pourraient-ils pas espérer toutes les dignités de l'Eglise (3) ? »

Il n'y a pas de cahier, même épiscopal, où l'on ose défendre l’odieuse absurdité de « la commende. » La « suppression irrévocable des bénéfices simples, » possédés par des ecclésiastiques qui n’ont aucun service à remplir, qui ne sont attachés à aucun office (4), est réclamée unanimement « du roi, dans l'Assemblée des États généraux, » pour devenir exécutoire « à la mort des titulaires actuels (5). »

A l'unanimité aussi, l'on réclame l'interdiction de pourvoir d'un bénéfice quelconque toute personne « non engagée dans les ordres, » (6) l'expulsion du clergé de ces abbés de cour et de ruelles « qui le déshonorent par leurs scandales. » (7) On ne veut plus de jeunes gens grands vicaires, (8) et l'on exige la suppression de tous les canonicats privilégiés, le chapitre de chaque cathédrale devant

(t) Cahier du clergé de Moulins. (2) Id. de Verdun.

(3) Id. de Nemours.

(4) Id. de Villeneuve-de-Berg.

(5) Id. de Calais et Ardres.

(6) Id. de Riom.

(7) Id. de Mantes.

(8) Id. de Melun.