Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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contraire niant partout les prétentions ultramontaines, r6clamant que « loutes préventions en cour de Rome pour tous bénéfices à charge d'âmes » soient abolies (1) et que « soient éteints irrévocablement les annates, dispenses et autres impôls par lesquels s'exerce en France la souveraineté du pape (2). »

Il n'est pas un seul cahier du clergé, où l'on parle de faire intervenir la papauté pour la régénération de l'Église française.

Souvent les curés aiment à rappeler les ordonnances royales du XVI siècle, rendues d'après les plaintes des États généraux et prouvant l'entière compétence de ceux-ci en malière de discipline ecclésiastique (3) Les curés d'Évreux, par exemple, reconnaissent que « l'influence graduelle de la discipline sur la religion, de la religion sur les mæurs, des mœurs sur la Cnsltution de l'État, n'est pas un Ghjet indifférent ni étranger aux États généraux. » Ceux de Vitry-le-François réclament, pour la réforme générale ecclésiastique, un concile national, mais en ayant soin d’ajouter : « Si notre concile ne parvient pas à corriger les abus, les États généraux y remédieront de leur propre autorité. »

Dans aucun des cahiers de 1789, il n'est fait appel au pape contre le roi où contre la nation.

Le gallicanisme est unanimement professé. Seulement les prélats ne le comprennent qu’à la façon de Louis XIV ou de Bossuet, au point de vue de l'indépendance de la couronne et de son union intime avec le haut clergé. Les curés, au contraire, interprèlent les libertés gallicanes sous le rapport national et en désirent le développement démocratique.

1) Cahiers du clergé de Poitiers, de Villeneuve- de-Berg, e:e. (2) Id. de Quercy, de Chanmont, Chartres, Dôle, Bonzonville, ete, 3) Id, de Caen.

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