Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

362 LES CAHIERS DES CURES

XII ABANDON DES PRIVILÉGES DU CLERGÉ

Les réserves et les contradictions, que nous avons signalées à propos de l’inviolabilité ou de l’aliénabilité des biens de l'Église, se reproduisent dans les cahiers des curés lorsque la nécessité de la participation proportionnelle au solde du déficit royal et des dépenses publiques pose logiquement la question capitale de l'abolition des privilèges et par conséquent de la suppression des Ordres privilégiés.

Les curés de Châtellerault expriment avec naïveté l’opinion de tous leurs confrères plébéiens lorsqu'ils s’écrient : « Un temps de liberté et de raison doit abolir les priviléges, enfants del’ambition et de l'erreur, qui ont accoutumé les uns à prendre pour droit incontestable l’usurpation de soustraire à une contribution mesurée l’opulence de la mitre etde l'épée; qui ont condamné les autres à s’avouer tenus de sacrifier de plus en plus une triste suffisance au besoin public. A notre avis, on ne peut être citoyen sans convenir que l’universalité des propriétés, quelles que soient les dénominations pieuses ou pompeuses que les différents temps ont attachées à certains biens, a dès son principe lobligation inhérente et conserve, à moins d'une injuste interruption, une perpétuelle responsabilité à la dette nationale et aux besoins de la patrie. »

Cette égalité de l'impôt, entrainant l'unité de la propriété divisible et transmissible, est combattue avec furie dans tous les cahiers du clergé écrits sous l'influence épiscopale. Cependant l'évêque de Clermont-Ferrand (1) est presque le

(1) Voir ci-dessus pages 229-232.