Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 363

seul à oser protester absolument contre l'abolition des priviléges du clergé par les États généraux. Le plus souvent, l'aristocratie cléricale n’ose pas braver le tiers-état, suit l'exemple de la noblesse et accepte de participer aux contributions proportionnellement. Seulement le « sacrifice patriotique » n’est fait qu'à la condition que le clergé « se taxera lui-même suivant les anciennes formes. »

Les grands vicaires de l'archevèque de Sens cherchent à intéresser les curés à l'inégalité de l'impôt : ils seraient, dictent-ils dans le cahier, « exposés aux recherches et aux discussions de leurs paroïissiens, souvent à la haïne où au ressentiment, lorsqu'il serait question de recouvrement. Quelle contrainte dansles saintes rigueurs du ministère !»(1)

Parfois les curés (2) se laissent convaincre de la possibilité de maintenir le « don gratuit, » s'ils sont admis aux assemblées diocésaines de répartition. Mais, en admettant « les anciennes formes » ils font réserve qu'elles « ne seront pas contraires au bien commun et à l'union des Ordres. » (3).

Soustraits aux influences de l’épiscopat, ils revendiquent « la suppression de tout privilége pécuniaire » dans l'intérêt de l'Église elle-même (4). « Le don gratuit, » disent-ils, ne sert qu'à grever l'Ordre ecclésiastique d’une « dette énorme de 150 millions de livres; les prêtres actuels sont obligés de payer des contributions qui étaient dues par leurs prédécesseurs peut-être depuis le commencement du siècle. » Ces contributions, les décimes, sont réparties par des bureaux diocésains, que préside l’évêque et dont sont membres « deux grands vicaires, deux chanoines de la cathédrale, un délégué de la collégiale. et un député pour le

(1) Arch. Parl. V, 148-152.

(2) A Péronne, à Nemours, ete.

(3) À Nemours, à Agen.

n . des curés d'Orléans, jauvier 1789, Biblioth, nation. D 28.