Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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aristocratique ; car, en voyant devenir « conciliateurs » les plus inconciliants des prélats, les curés séduits rouvrirent les veux. Leur indignation éclata quand le parti épiscopal essaya de contester le vœu unanime des Cahiers de leur classe relativement à l'abandon de tout privilège en matière d'impôt. Beaucoup d’entre eux rompirent la séance, Le 13, pour empêcher un vote quelconque.

Mirabeau interpréta leur retraite comme un heureux symptôme des dispositions du bas clergé, « faisant des vœux pour la cause populaire. » Il conseilla au Tiers de continuer à se montrer patient, de s'abstenir de toute dé-

marche auprès de la noblesse et d'en essayer une nouvelle auprès du clergé; car, s’écria-t-il, « la noblesse ordonne et le clergé négocie. »

Le lendemain, 49 mai, le curé Gouttes remettait sur le tapis la motion de l'évêque Champion, laissée en suspens depuis le 13. Les curés Ballard et Jallet exprimaient, au nom de leurs commettants, les protestations de « la roture méritante» contre« l’entassement des bénéfices » sur les têtes de certains prélats, menant « un luxe intolérable et scandaleux. »

Au plus fort du débat, on annonce les seize délégués du Tiers, chargés de « conférer avec MM. les délégués du clérgé et de la noblesse sur les moyens de réunir tous les députés afin de vérifier les pouvoirs en commun. Les évêques veulent lever la séance. Les curés n'hésitent plus à se compter. Ils font réitérer la renonciation du clergé à ses privilèges en matière d'impôt par 150 voix contre 22, cinquante autres se prononçant pour l'entière liberté laissée aux commissaires sur ce point comme sur les autres.

Contesté par des chanoïnes et des prieurs, accusant les 150 d’avoir faussé leur serment, trahi la religion et l'État, le vote est maintenu le 20.

La Chambre du clergé essaie, Les jours suivants, de re-