Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 15

prendre l'appel des élus et le dépôt des cahiers. Mais les curés ne siégent plus avec régularité. Ils tiennent des conférences chez l’archevêque de Bordeaux, où plusieurs émettent, le 23, lopinion « qu'il est temps de descendre dans la chambre du Tiers. » Le plus grand nombre est d'avis qu'on patiente jusqu'à ce qu’ait délibéré la commission de conciliation des trois Ordres qui, ce jour-là même, tient sa première séance.

Or, les commissaires, ni le 23, ni le 25, ne s'entendent.

Le 26, la noblesse décide, par 202 voix contre 16, que la vérification des pouvoirs se fera séparément, « Le vote par Ordre étant le palladium de la liberté de chacun. »

Le 27, Mounier, informé par son collègue dauphinois, l'archevêque de Vienne, des dispositions de la partie libérale du clergé, propose au Tiers d'envoyer de nouveau « prier le clergé de continuer son rôle de conciliateur en venant se joindre aux communes. » Mirabeau insiste afin qu'on s'adresse au premier Ordre « d’une manière qui ne laisse pas Le moindre prétexte à une évasion. » Il faut, ditil, enlevant des applaudissements unanimes, que notre députation « soit très nombreuse, {rès solennelle, pour adjurer des ministres du Dieu de paix de se ranger du côté de la raison, de la justice et de la vérité. »

La députation est admise,le jour même (27 mai), dans la Chambre ecclésiastique. Target adjure les bons pasteurs de venir chercher, avec les députés des communes, en assemblée générale, «les moyens d'établir la concorde et la paix. » ll déclare, en se retirant, que « la députation va proposer au Tiers de rester en séance jusqu’à ce qu'’ait été obtenue la réponse du clergé. »

L'évèque de Chartres propose qu'on se rende à l'instant mème dans la salle où le Tiers attend tousles députés de la Nation. Les curés applaudissent avec enthousiasme. Mais l'archevêque d'Aix proteste et l'archevêque d'Arles conseille de réfléchir.