Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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Contre quoi s'élève l'abbé Grégoire : « Vos longs délais portent le plus grand préjudice aux intérêts de la religion et de l'État: la misère des peuples, déjà si intense, s’accroit encore par l’inaction des États généraux... Nous sommes représentants de la nation, et cette qualité nous impose le devoir de nous occuper sans retard du bien public. » L'abbé Maury, prieur de Lyon, député de Péronne, réplique longuement, lance lanathème au « monstre de l'impiélé, » dénonce les appétits des multitudes, les ambitions du liersétat. Le soir arrive sans qu'on ait pu voter.

Les curés rédigent des protestations; ils paraissent décidés à quitter la chambre du clergé si la proposition Target n'est pas mise aux voix.

Les évêques courent chez le roi, offrant de payer telle somme d'impôts que Sa Majesté voudra, si le don gratuit et le vote par Ordre sont maintenus. Louis XVI répond à leur démarche en convoquant la commission de conciliation des trois Ordres à la Chancellerie, sous la présidence du ministre de Barentin, assisté de douze commissaires royaux.

Sans croire que lesnouvelles conférences puissentaboutir, le tiers-état estime politique d'y adhérer.« Vos fidèles communes, écrit-il dans une adresse au roi, n'oublieront jamais l'alliance naturelle du trône et du peuple contre les arislocraties.… Toujours prêtes à verser leur sang et à prodiguer leurs biens, elles se montreront les plus empressées à maintenir les droits et la dignité du trône. »

Cette attitude contraste avec celle de la noblesse qui « arrête, » le 30 mai, «que le vote par Ordre est une loi constitutive de la monarchie. » Ce dont la félicitele cardinal de La Rochefoucauld haranguantses délégués : «Vos pères ont fondé et défendu nos églises, vous serez aujourd’hui les défenseurs de la patrie ! »