Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

318 LES CAINERS DES CURÉS

tenir l'adhésion de tous les délégués ecclésiastiques à l’idée d’une commission mixte qui se mettrait d'accord sur les cas contestés ou, ne le pouvant, s’en rapporterait au roi. Par un sous-amendement tendant à maintenir la vérification des pouvoirs au sein de chaque Ordre et à remettre « aux commissaires du roi le soin de résoudre les difficultés relatives aux députations entières, » la noblesse rouvre le débat sur ce que le comte d’Antraigues appelle « la question des principes.» Le jour de l'expiration du mandat des commissaires, le 9 juin, arrive sans que la commission ait pu s'entendre même sur la signature de ses procès-verbaux. D'ailleurs, depuis le 6, un effort très perfide était tenté par la chambre du clergé afin d’arracher le tiers-état à limmobilité dans laquelle il réservait tous les droits de la nation. Deux curés de Paris et l'abbé Maury faisaient nommer une grande députation « pour se concerter avec les deux autres Ordres sur les moyens de soulager la misère. » A l'évèque de Nîmes, parlant au nom des délégués du premier Ordre, Bailly répondit, au nom du Tiers: « Le clergé, animé de ces nobles sentiments, ne saurait plus se refuser à une réunion sans laquelle les malheurs publics ne pourraient que s’accroitre. »

On objectait de toutes parts: Comment délibérer sans se constituer, et se constituer sans vérifier les pouvoirs? Et cependant la misère s’exaspère à Paris, la famine est aux portes de Versailles; n'est-il pas dans le plan des ennemis du peuple de forcer les députés à regagner leurs provinces? « Si nous ne faisons rien, dit Garat, on nous accusera ou d'indifférence pour le peuple, ou de complaisance pour les accapareurs. »

Admirez « la perfidie du clergé, » s'écrie le député de Bourg, Populus ; « le clergé a deux buts: mettre le peuple de son côté, détourner l’Assemblée de se constituer. IL ya