Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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ecclésiastique, par ce premier vote effectif, se revonnaissait constituée. Dans le but d'empêcher cela, les curés de Bretagne, de Franche-Comté et du Hainaut s’abstiennent de désigner leurs commissaires.

Le mode de nomination étant celui des anciennes Assemblées du clergé, la division en 19 provinces dont chacune

- choisissait pour commissaire l’un de sesdéputés, les prélats obtiennent 40 nominalions. Cinq, ilest vrai, étaient frappées des protestations des curés; trois n'étaient considérées que comme provisoires.

En fin de compte, la commission se trouva incapable de s'organiser. La suprême manœuvre épiscopale démontra au bas clergé que le respect des formes anciennes le mettait à la merci d’aristocrates incorrigibles; que l'isolement des Ordres rendrait toute réforme impossible, et que le seul moyen d'obtenir ce qu'ils désiraient comme ministres d’un christianisme idéal et comme citoyens de la France libre, c'était la réunion au tiers-état, l'assemblée commune des représentants du peuple, et le vote par tête, au lieu de l'opinion par classe, par province, émise en réunion d'Ordre, où l'inférieur ecclésiastique ne pouvaitguère, sans serupule de conscience, opiner contre l'opinion d’un supérieur, ni se poser candidat en rivalité avec lui.

Les conspirateurs aristocratiques profitèrent du deuil royal, causé par la mort du dauphin, dans la nuit du 4 au 5 juin, pour engager de plus en plus la cour contre le ministre Necker etles États généraux. L'un de leurs chefs, l'évêque de Clermont, de Bonal, publia un mandement exaspéré, dénonçant « l'espèce d'indépendance et d’insurrection qui éclalait de toutes parts, sous le nom de fraternité, et, sous le nom d'égalité, la confusion et l’anarchie, qui inauguraient le règne tant vanté de la philosophie. »

La famine sévissait dans les provinces, et Paris devenait menaçant. IL était temps, disait Sieyès, de « sortir de Pinac-