Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 381

tion. » Le 10 juin, les délégués du tiers-état se décident à réitérer la sommation proposée par Populus: « Les députés des Communes ne peuvent plus différer davantage de se mettre en activité. L'appel général de tous les baïlliages se fera dans ce jour, et il sera procédé à la vérification des pouvoirs, tant en la présence qu'en l'absence des classes privilégiées. »

Le 11, c'était la Fête-Dieu, et les députés des trois Ordres se trouvèrent réunis à la procession. Dans la soirée, en conférence chez le libéral Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux, une centaine de curés se prononçaient pour la réunion aux Communes, sans nouvelle délibération au sein du clergé. Cependant, le chanoine de Verdun, Coster, et mème le curé d’Argilliers, l'abbé Gouttes, présentèrent des objections, que réfula le curé poitevin Jallet. On se sépara sans conclure.

A la réunion ecclésiastique générale du 12, le parti épiscopal tenta de prouver que le meilleur moyen d'obtenir la « mise en activité, » c'était de vérifier les pouvoirs sans désemparer. Peut-être, répondirent beaucoup de curés, mais à la condition d'insérer au procès-verbal que « cette vérification séparée ne préjugera en rien à la vérification en commun. L'abbé Grégoire objecta que le plus simple serait de se réunir sur-le-champ aux Communes. Ce qu'appuyèrent très ardemment les curés Thibault, Dillon et le prieur Gassendi, de la sénéchaussée de Forcalquier, tenant tête à l'évèque d'Auxerre et même à Mgr de La Luzerne quis’obstinait dans son système des deux Chambres.

Les prélats, voulant intimider le clergé inférieur, réclamèrent le vote à la tribune, chacun expliquant ses motifs. Le curé de Chérigné, parlant le premier, s'avisa de soutenir que la réunion proposée n’anéantirait pas la distinction des Ordres, et qu’en délibérant dans l'assemblée commune sur les objets généraux on ne ferait que suivre la tradition de