Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 385

une majorité effective de 139 voix. Seulement pour recevoir leur déclaration, il n'y a plus de bureau; le cardinal président a disparu ct beaucoup de prélats à sa suite.

Néanmoins les curés maintiennent la séance, obligent les archevèques libéraux de Vienne et de Bordeaux, les évèques de Chartres, de Rodez et de Coutances à reprendre leurs places. Il est rédigé, signé et expédié à imprimer, par 149 ecclésiastiques, un Arrêté portant : « La pluralité des membres du clergé a décidé que la vérification définitive des pouvoirs serait faite dans l'Assemblée générale, sous la réserve de la distinction des Ordres et autres réserves de droit. »

Tandis que la foule, amassée dans les rues voisines, acclamait « les bons évêques, les bons curés, » le cardinal de La Rochefoucauld et M. de Juigné couraient à Marly faire jurerau roi « de protéger son clergé, de sauver la religion.» La noblesse disait avec d'Antraigues: « Il n’y a plus qu'à dissoudre cette assemblée rebelle à coups de canon! « Les canons arrivaient, seize millesoldats seconcentraient autour de Versailles.

Le 20 juin, des crieurs publics parcourent les rues de la cité royale, annonçant que Sa Majesté tiendra séance le 22, que d'ici là toute réunion des Ordres est suspendue. Les salles sont fermées, la force armée en occupe les portes.

Cependant, à l'heure indiquée la veille, huit heures du matin, le président de l'Assemblée nationale se présente, suivi de la plupart des membres du tiers-état. Arrêté par la sentinelle, il proteste, déclare la séance tenante. Quelques jeunes députés s’avancent vers la porte, comme pour la forcer. L’officier du poste fait sortir sa troupe et le commandement qu'il donne indique qu'il ne considère pas. comme inviolables les représentants de la nation.

Ceux-ci, derrière Bailly, forment cortège. Ils cerrent par la pluie, à travers Versailles. Certains proposent d'aller à Paris, au milieu du peuple ; d'autres, à Marly, chez le roi,

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