Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

96 LES COMPLOTS MILITAIRES

saire le général Lamarque, qui l'avait battu, et qui avait achevé de l’accabler sous le ridicule (r).

Canuel, de soldat médiocre, était devenu général. Fils d’un marchand de bois, il voulut devenir baron. Pour cela, que lui fallait-11? Une occasion de témoiguer son zèle au roi. Et quelle meilleure occasion qu'une conspiration, comme celle qui venait de faire valoir Donnadieu, et de lui mériter le grand cordon de Saint-Louis ? En conséquence, Canuel fit venir à Lyon et dans les environs des officiers sans traitement ou à la demi-solde, des sous-officiers de la ligne et de la gendarmerie qui, organisés en police militaire, multiplièrent autour d’eux les suggestions perfides et les provocations savantes. Ce fut en vain. Pendant plusieurs mois, dans le courant de 1816, on attendit un complot qui ne vint pas. Car ces menées, qui échappaient au préfet du Rhône, M. de Chabrol, étaient déjouées par M. de Sainneville, commissaire général de la police à Lyon.

Canuel, cependant, s’obstina et réussit l'année Suivante. Un nommé Brunet, agent de la police militaire, plusieurs fois arrêté par M. de Sainneville, et touJours relâché sur les réclamations de l'état-major de

(1) Canuel avait contesté le succès de Lamarque, et celui-ci lui avait répondu avec le talent d'écrivain qu’il joignait à ses qualités militaires. Voir Mémoires, t. nr. Lettre au général Canuel. Le morceau est exquis.