Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PREMIERS COMPLOTS 95

réclama alors le bénéfice de l’article 108 du même Code qui accordait l'impunité au révélateur. La cour lui en refusa l’application.

Les condamnés se pourvurent en cassation. Le pourvoi fut rejeté le 19 juin. Toutefois, la peine de mort prononcée contre Maury, Lhote et Theron fut commuée en vingt ans de travaux forcés. Les autres furent exécutés à Bordeaux, le 6 juillet, au grand désespoir de Randon, qui ne cessa de protester Jusque sur l’échafaud, en invoquant son titre de policier et ses répugnants services.

Les événements de Lyon ont fait plus de bruit.

Le commandant militaire de Lyon (19° division) était alors le lieutenant-général Canuel, un des plus tristes personnages de ce temps, avec le général Donnadieu, et plus méprisable que Donnadieu. Après tout, celui-ci était un brave soldat qui avait payé de sa personne sur les champs de bataille de la République et de l’Empire, aux armées du Nord, d’Allemagne et d’Espagne. Dans l'affaire Didier, il s'était retranché derrière les ordres de M. Decazes. Mais Canuel n’avait fait la guerreque deux fois et en Vendée, en 1793 et en 1815. En 1793, sous les ordres du général Rossignol, il y servait la République, en la déshonorant par ses cruautés. En 1815, associé à Henri de La Rochejaquelein, il y servait les Bourbons peu

honorés d’un pareil appui. Il avait alors pour adver-