Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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fait voter la loi qui réorganisait l’armée sur des bases démocratiques, et il rappelait dans les rangs les soldats de Bonaparte. Aux yeux des ultras, abrités derrière le comte d'Artois, cette politique modérée et conciliante menait la monarchie aux abîmes. Il importait donc de se délivrer du ministère et de sauver le roi quand même, suivant le mot de Chateaubriand. Mais comment ?

Enlever les ministres au sortir du Conseil, sur la route de Saint-Cloud, et les conduire droit au château de Vincennes, où on les enfermerait sous la garde du marquis de Puyvert: tel était le moyen qui paraissait le plus simple et le plus prompt. Pour cela, on se servirait d’un régiment de cuirassiers de la garde commandé par M. de la Rochejaquelein, de deux bataillons du 3e régiment d'infanterie de la garde aux ordres de M. Berthier de Sauvigny, et d’une partie du 2e régiment des Suisses caserné à Rueil; toutes ces troupes disposées en échelons entre Saint-Cloud et Vincennes.

En même temps, à Paris, un corps organisé d’environ 3.000 hommes, formé de gardes du corps, de Vendéens, d'anciens émigrés et de volontaires royaux, devait se réunir sur la place du Carrousel, se porter chez des fonctionnaires désignés d’avance et procéder à leur arrestation. Après quoi, on forcerait le roi d’ab-

diquer en faveur de son frère, et on composerait un