Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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a fait donner à la conspiration, par ceux qui cherchaient à nier son existence et à rendre ridicules ceux qui l’affirmaient, le nom de conspiration du bord de l’eau (1). »

L'affaire fut révélée à M. Jacquinot, procureur du roi, dans les derniers jours de juin, par le greffier du tribunal de la Seine, qui la tenait d'un sieur de Mesmay, capitaine de gendarmerie. Celui-ci avait servi sous les ordres de Canuel, à Lyon, et il était resté lié avec lui. D’un autre côté, M. Lainé, ministre de l’Intérieur, recevait une confidence analogue d’un nommé Pyrault, ancien officier de l’armée de Condé.

Les deux déclarations, outre leur coïncidence, avaient un tel caractère de sincérité qu'il était difficile de n’y pas prêter attention. Une lettre de Donnadieu à Chateaubriand, dérobée par la police aux papiers du grand écrivain, acheva d'éclairer le conseil des ministres sur les intentions de ses adversaires. Le général informait Chateaubriand que ses dispositions n'étaient nullement changées par la bienveillance que venait de lui témoigner le roi (il avait, en effet, obtenu une audience royale, le 23 juin),et qu'il ne restait plus qu’à presser l'exécution du grand dessein.

« Aucune incertitude, dit Pasquier, ne pouvait sub-

(1) Mémoires, t. 1v, ch, 2. — Pasquier faisait partie du ministère menacé. Il eut toutes facilités pour se renseigner, et son récit est très clair.