Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LE COMPLOT DE PARIS {19 AOUT 1820) 111

sante des ultras pendant cette période en était la meilleure preuve,

Tout fut remis en question. « En 1820, écrivait M. Guizot, s’est opéré le grand changement, le seul changement fondamental qui ait eu lieu depuis six ans. Un ministère est tombé sous les coups de la contre-révolution ; un ministère nouveau s’est formé par son influence et à son profit. Le pouvoir a subitement cherché et trouvé un autre camp, d’autres amis {1). »

En effet, M. de Richelieu, rappelé au pouvoir malgré lui, se rapprocha de la droite, dont le comte d'Artois lui promettait le concours. Renonçant aux inspirations généreuses qui avaient signalé son premier ministère, il fit suspendre la liberté individuelle, rétablit la censure, et présenta une loi électorale dite du double vote, qui assurait désormais la majorité aux grands propriétaires fonciers, c'est-à-dire à l’aristocratie. Tel est l’ordinaire résultat des crimes politiques qu'on ne saurait assez flétrir. Ils ravivent les haines sociales et font reculer la liberté. C’est ainsi qu'aux griefs particuliers qui indisposaient l'armée contre

les Bourbons s’ajouta l'irritation générale de tout le

(1) Guizot, Du gouvernement de la France depuis la Restauration et du ministère actuel, in-8°. 1820 (295 pages): L'ouvrage eut beaucoup de succès et devait en avoir.