Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

412 LES COMPLOTS MILITAIRES

parti libéral contre la politique nouvelle du gouvernement. On n'avait pas encore vu dans la Chambre d’aussi mémorables débats que ceux qui marquèrent la discussion de cette loi électorale. On entendit, d'un coté, Royer-Collard, Benjamin Constant, Manuel et surtout Camille Jordan, qui, les traits amaigris, la taille chancelante, la voix brisée, faisait un suprême effort pour arrêter la royauté sur une pente fatale, et dont les accents, voisins de la tombe, avaient un caractère solennel et presque prophétique; de l’autre, MM. de Villèle, de La Bourdonnaye, de Serre, devenu comme le duc de Richelieu l'adversaire de ses anciens alliés, et consumant comme Camille Jordan ses forces épuisées dans un dernier combat parlementaire (1-12 juin).

Ges débats étaient suivis par le public avec un intérêt passionné. Les institutions politiques et sociales du pays, sa fortune, ses droits, son avenir seraientils livrés ou non àuneoligarchie formée de 10 à 12.000 grands propriétaires ? Voilà ce qui était au fond de la question. Il y eut, dans les journées des » et 3 juin, des manifestations populaires réprimées avec brutalité par la gendarmerie et par les troupes. Le 3, au soir, un étudianten droit, le jeune Lallemand, fut tué d’un coup de feu par un soldat de la garde.

Le 5, l’effervescence redoubla.Etudiants etouvriers,