Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LE COMPLOT DE PARIS (19 AOUT 1820) 123

la Vendée et de là l'Espagne. Les étudiants, qui déjà se rassemblaient dans des chambres où on leur distribuait des armes et des munitions, purent rentrer chez eux.

Le mouvement était suspendu. Mais on pouvait le recommencer. Car le gouvernement changeait la garnison de Paris, éloignait les légions suspectes et les mettait en marche dans la journée du 20. IL fut donc décidé que la légion des Côtes-du-Nord, destinée à Châlons et à Verdun, dès son arrivée à Châlons obliquerait sur Vitry, où attendaient les vétérans travaillés par Sauzet. Cette fois, l'explosion, comprimée au centre, éclaterait à la circonférence.

Mais Berard, chargé d’en donner le signal, prit peur à son tour. Il alla trouver son compatriote, le général Montélégier, avec lequel il avait d'anciennes relations, et s’engagea à lui faire connaître les faits les plus importants, à une double condition : d’abord qu'on lui garantirait la sûreté personnelle ; ensuite qu'on ne se servirait de ses déclarations qu’en évitant de prononcer son nom. Il avait peur des vengeances que pouvaient exercer sur lui ses complices, etil la poussait si loin qu'il ne voulut s’aboucher avec le général que dans les endroits les plus écartés, qu'il avait soin de changer pour chaque nouvelle entrevue. Ses révélations eurent d’abord le caractère

de la franchise ; puis, elles devinrent plus réservées.