Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LE COMPLOT DE PARIS (19 AOUT 1820) 129

tude équivoque, fut remplacé à la r'e division militaire par le général Coutard, qui venait de Rennes. Sauf les déclarations du policier Chenard, des deux sous-officiers révélateurs et des trois officiers de la légion du Nord; sauf les aveux incomplets de Bérard, il ne sortit des débats rien de bien saillant. Les premiers se bornaient à rapporter des propos d’officiers et de sous-officiers avec Nantil; Bérard s’attachait à ne compromettre personne. On voyait bien qu'il y avait eu des intelligences concertées, mais dans quel dessein? Car il n’y avait pas eu commencement d'exécution; et du complot même on ne connaissait ni l’organisation ni l'étendue. Peut-êtremême n'y avait-il là qu’une nouvelle machination de police, conduite avec habileté par l’introuvable Nantil.

On voyait alors partout des agents provocateurs, et les pratiques du gouvernement n’autorisaient que trop ces défiances. En 1818, M. de Villèle; en 1821, le général Donnadieu avaient pu déclarer, du haut de la tribune, que, depuis 1816, on avait surpris la main

de la police dans tous les complots (1).

(1) Le 19 mars 1821, le général Donnadieu, député d'Arles, apostrophait ainsi les ministres, avec sa violence habituelle : «... Habiles en intrigues, en odieuses et sourdes calomnies, tout ce qui caractérise la faiblesse et le vice : voilà vos moyens. A Paris, dans l'affaire Pleignier, Carbonneau et Tolleron; à Bordeaux, dans celle de Randon; dans les événements de Lyon; dans la prétendue conspiration du bord de l’eau; partout, on a vu votre police préparer l’effusion du sang français sur les échafauds ou sur le terrain des rebellions. »