Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

4130 LES COMPLOTS MILITAIRES

Dans l’espèce, comme on dit au Palais, rien n’était moins fondé. Nantil, agent de Fabvier, n’était pas aux gages de la police. Du fond de l'Ouest, où il préparait une nouvelle tentative, Nantil fut tellement désespéré de ces calomnies qu’il fut plusieurs fois tenté de se livrer pour avoir, au prix de la vie, le droit de sauver son honneur.

Tout le poids des débats porta sur Bérard qui s'entendit traiter d'agent provocateur, lui aussi, par les témoins et la défense, tandis que le ministère publie requérait contre lui. Les témoins et la défense l’accablaient parce que, ruiner ses déclarations, c'était enlever au procès sa base principale. Et on hésitait d'autant moins que le bénéfice de ses révélations lui épargnait une condamnation capitale.

Fabvier, l’instigateur du complot, relâché après une détention de plusieurs mois, et certainement par le crédit de Marmont (1), Fabvier chargea Bérard avec plus de violence que les autres. Bérard, à ses yeux, n’était qu’un indigne agent provocateur qui, après lui avoir fait transmettre par un #ntermédiaire dont le colonel taisait le nom les offres les plus vives pour entrer dans le complot, s'était encore efforcé de l’yÿ entraîner, quand l'échec n'en était plus douteux.

Le malheureux chef de bataillon pouvait parler,

(1) Aussi Pasquier déclare-t-il qu’il ne s'explique pas pourquoi Fabvier a été mis hors de cause. (Mémoires, t. v, ch.10.)