Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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rentrés au service ou gradés pendant le ministère Gouvion Saint-Cyr, et, par conséquent, animés d’un tout autre esprit que celle qu’elle remplaçait. Des relations furent nouées avec la ville, des confidences échangées. Les lieutenants Delon et Guérin, les sousofficiers Sirejean, Couderc, Mathieu, Grandménil jeune, frère du chirurgien, firent pénétrer l’association dans ce milieu jadis si fermé. Plus de la moitié de l'École se trouva bientôt affiliée.

Telle était l’œuvre de la société quelques mois après sa fondation. Elle avait devancé et préparé dans l'Ouest l’action de la Charbonnerie.

La Charbonnerie était d'importation étrangère. Deux jeunes gens, Joubert et Dugied, impliqués dans la conspiration du 19 août, s'étaient réfugiés en Italie pour éviter les poursuites. Ils ÿ furent affiliés à la société des Carbonari. Le premier resta au service de l’armée napolitaine. Le second, revenu à Paris en février 1821, y rapporta les règlements de l’association qu'il communiqua à plusieurs de ses camarades, Buchez, étudiant en médecine, futur président de l'Assemblée Constituante de 1848, Bazard, Flottard, Corcelles fils, Guinard, Sautelet, étudiants en droit, Rouen aîné, avocat, etc. Trois d’entre eux, Bazard, Buchez et Flottard, se chargèrent d'extraire de l’organisation italienne ce qui pouvait s’adapter aux mœurs

et aux aptitudes françaises. et c’est ainsi que fut fon-