Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE L'EST : BELFORT ET COLMAR 147

la Victorieuse, la Sincère, la Réussite, Bélisaire, Westermann, les Anis de la Vérité, etc. (1). »

La Charbonnerie, toutefois, n’entamait pas le peuple. L’immense majorité de ses membres appartenait à la bourgeoisie, à l’industrie, au commerce, aux professions libérales, au monde de la presse, de la littérature et de la politique. En outre, elle n’avait ni le nombre ni la vigueur nécessaires, du moment qu'il fallait être prêt à descendre dans la rue.

Voïlà pourquoi elle s’attacha à gagner l’armée. Elle y pénétra aisément et s'y étendit rapidement. Les officiers compromis dans l'affaire du 19 août, et les officiers en réforme; les officiers à la demi-solde, toujours en relations avec leurs anciens régiments ; tous travaillèrent à organiser des ventes militaires qui, sous le nom de légions, cohortes, manipules, furent surtout composées de sous-officiers d’une action plus assurée et plus directe sur les soldats.

« Les sous-officiers, jeunes, résolus, ambitieux de grades, puissants sur les soldats, jaloux de l'officier, tenant au peuple par la subalternité, à la bourgeoisie par l'instruction, à l’armée par l’uniforme, au bona-

partisme par les souvenirs, au libéralisme par les

(1) Réquisiloire dans l'affaire de La Rochelle, 1822.— Marchangy toutefois confond, et peut-être sciemment, les ventes de la charbonnerie et les loges maçonniques. L’erreur est manifeste pour les Amis de la vérité, loge maçonnique dont on a

. vu le rôle en 1820.