Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

148 LES COMPLOTS MILITAIRES

journaux, les pamphlets, les chansons patriotiques qui circulaient dans l’oisiveté des casernes, étaient les agents les plus séductibles et les plus séducteurs de ces enrôlements dans les régiments et dans les garnisons. Ils étaient le noyau de l’armée, l’attente de l'insurrection. Un régiment enlevé par les sousofficiers enléverait l’autre; une place forte ferait tomber à l'instant toute une province. L'exemple impuni gagnerait de proche en proche de nouveaux corps d'armée et de nouvelles provinces à la cause constitutionnelle. Le drapeau tricolore volerait de lui-même de rempart en rempart, de clocher en clocher, et un gouvernement provisoire insurrectionnel imprimerait le concert et l’unité à ces soulèvements armés (1). »

Ce qu’on voyait alors en Europe semblait pousser à ces dispositions nouvelles de notre pays. Presque partout autour de nous, des soulèvements, et des soulèvements militaires. Avec l’année 1820, une insurrection militaire venait d’éclater en Espagne, et d'y substituer les libertés de 1812 au despotisme absolu de Ferdinand VII. Dans le courant de l’année, une révolution semblable agitait Naples, où les carbonari de l’armée forçaient le roi d'adopter la constitution espagnole de 1812, qu'on ne connaissait

(1) Lamartine, Histoire de la Restauration, livre 39. Beaucoup de belles pages qui ne font pas un livre ; telle est

celte histoire du grand poète qui fut, en 1848, un grand citoyen .