Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

150 LES COMPLOTS MILITAIRES

Dans l'Est, les garnisons avaient donné avec ardeur. Cette région de l'Est, de l'Alsace au Dauphiné, était celle où les Bourbons rencontraient le plus d’hostilité. Et pour plusieurs raisons.

D'abord, elle avait souffert plus que les autres des invasions de 1814 et de 1815. Ensuite son voisinage de la frontière en a fait une terre de soldats. Nulle part ailleurs notre pays n’a porté une génération plus admirable que celle qui sortit de ces robustes et patriotiques provinces d'Alsace, de Lorraine, de Franche-Comté pendant la Révolution et l’Empire. Pour ne citer que les principaux, c’est en Alsace : Kléber, Kellermann, Lefebvre, Rapp; en Lorraine : Ney, Gouvion-Saint-Cyr, Oudinot, Exelmans, Gérard, Drouot, Molitor, Eblé, Duroc, Mouton, Grenier ; dans la Franche-Comté : Lecourbe, Moncey, Pajol, Travot, Morand, Donzelot, Préval. Et à leur suite, à leurs côtés, combien d’autres, dont les services, pour être moins glorieux, ne furent pas moins dévoués, et qui, la guerre finie, étaient rentrés dans leurs foyers ? Dans quel autre milieu aurait-on ressenti plus vivement, avec les malheurs de la patrie, 1 les injustices de la Restauration, et les proscriptions dirigées contre l’armée par une dynastie dont l'invasion avait marqué l'avènement, et qui ne devait son retour qu'à Waterloo ? Enfin cette iterre, si féconde

en soldats, a toujours été un pays d'instruction et de