Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE L'EST : BELFORT ET COLMAR 151

progrès dans lequel la passion pour la guerre s’est rarement séparée de l'attachement pour la liberté.

Les dispositions de cette région avaient déjà paru menaçantes dans les premiers mois de 1820. Elles avaient donné naissance à des combinaisons mal connues, désignées sous le nom de Complot de l'Est.

Ce complot avait été dénoncé au gouvernement par un sieur Tiriot, ancien officier bonapartiste, qui s'était vendu à la police et qui avait su gagner l’aveugle confiance de Lafayette. On sut par lui que Lafayette, Voyer d'Argenson, Laffite, Gévaudan, étaient les instigateurs d’un complot qui avait pour but de soulever plusieurs divisions militaires, à l’aide desquelles on aurait entraîné le reste de l’armée. On apprit les noms des chefs particulièrement engagés. On connut même, presque jour par jour, tout ce qui allait se passer dans le comité, et jusqu'aux discours qu'on devait porter à la tribune. « Ainsi, dit Pasquier, le gouvernement a tenu dans ses mains un plan d’insurrection générale, arrêté dans ses plus grands détails, et auquel était joint un plan de gouvernement provisoire. Le tout avait été rédigé ou par Lafayette ou sous ses yeux, en compagnie de quelques amis qu’il avait réunis pendant deux ou trois jours à sa terre de Lagrange (1). »

(1) Mémoires, t. 1v, ch. 16.