Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

152 LES COMPLOTS MILITAIRES

Pourquoi ne fit-on pas arrêter les coupables? Pasquier ne le dit pas. Peut-être parce qu'il ne fallait pas prendre à la lettre les révélations de Tiriot, certainement exagérées. Peut-être aussi parce que l'arrestation des chefs du parti libéral eût provoqué des difficultés dont on n’osait prévoir le terme. Néanmoins, les rapports de la police, la correspondance des préfets et celle des généraux chargés des divisions militaires avaient inspiré assez d’inquiétudes pour qu'on priât le duc d'Angoulême de faire un voyage dans cette région et d'y rallier les esprits à la monarchie.

Le prince s’y prêta d’assez bonne grâce. Il quitta Paris le 27 avril et sa tournée dura plus d’un mois. Il alla, par Dijon et Lyon, jusqu’à Grenoble. À Grenoble, les étudiants ne crièrent que: Vive la Charte ! évitant de mêler à ce cri celui de : Vive le Roi! Le 20 mars suivant, dans une courte émeute rapidement apaisée par le général Pamphile Lacroix, ils firent mieux. Ils crièrent : Vive l'Empereur ! Vivela liberté! À bas les Bourbons!

De Grenoble, le duc gagna la Franche-Comté, par Besançon. Dans cette partie de son voyage, on dut prendre des précautions particulières. On annonçait que le drapeau tricolore allait être arboré à Besançon et dans plusieurs villes voisines ; que beaucoup d’officiers à la demi-solde et d’anciens soldats se réunis-

saient à Dole et dans les environs; qu'on attendait des