Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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exact des ressources dont on venait de leur tracer le tableau. Ils partirent. Mais plusieurs jours s’écoulèrent sans que d’Argenson, immobile dans sa terre de Massevaur, envoyât de ses nouvelles. Ce silence et le retard de Lafayette, retenu lui-même dans sa campagne de Lagrange (Seine-et-Marne), firent ajourner le mouvement au 31 décembre, puis au 1er janvier.

Pendant ce temps, Joubert, les deux Scheffer, Corcelles fils arrivaient de Paris avec le colonel Pailhès, le commandant Brice et plusieurs autres officiers. Le 29 et le 30 se passèrent en conférences sans résultat et en plaintes amères contre les hauts personnages dont les tergiversations faisaient perdre un temps précieux. Joubert, chargé de prévenir les conjurés de Neu-Brisach, les trouvait particulièrement irrités et décidés à s'abstenir. « Un complot remis, disaientils, était un complot manqué. On verrait se renouveler ce qui avait eu lieu pour l'affaire Nantil, dont le succès, certain le ro où même le 15 août, s'était changé, le 19, en avortement. C'était d’ailleurs une illusion que de compter sur l’arrivée des députés; aucun ne viendrait, parce qu'ils ne voulaient pas compromettre leur existence et leur fortune. » Joubert ne réussit qu'imparfaitement à les calmer et à relever leur courage. Tout ce qu'il put obtenir, c’est

que le lieutenant Carrel le suivrait à Belfort, et