Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE L'EST : BELFORT ET COLMAR 163

convives quittent l'hôtel et gagnent la porte de France que leur fait ouvrir le sous-lieutenant Manoury, qui en avait pris la garde.

La plupart l’avaient déjà franchie, lorsque le chevalier de Toustain avisa sous la voûte quelques-uns des fuyards, et leur demanda leurs noms. C’étaient Desbordes, Brue, Pegulu et Lacombe. Ces noms étaient bien faits pour augmenter les soupçons. Le commandant les arrête et les consigne au poste. Puis, accompagné de quelques soldats, il s’avance, hors des murs, dans le faubourg de France. Il s'y heurte, dans l'obscurité, à un groupe de vingt-cinq ou trente per= sonnes qu'il somme de se disperser. C’étaient Pailhès et ses convives. Un d’eux, le lieutenant Peugnet, répond par un coup de pistolet en pleine poitrine qui renverse M. de Toustain, sans le blesser. Le groupe s’esquive. M. de Toustain se relève, revient au poste de France, mais n'y trouve plus personne. Manoury et ses prisonniers avaient gagné la campagne (1).

(x) Arch. Nat. F 7. D. 6726. Complot de Belfort. Archives de la Guerre, correspondance générale : 1822. — Rapport détaillé du général Pamphile Lacroix, commandant la 5° division militaire (Strasbourg) au ministre de la querre,5 janvier. (Suivant la duchesse d’Abrantès, le général aurait eu dans les mains les listes complètes des carbonari impliqués dans l’affaire et leurs plans d'organisation. Ce n’est que plus tard qu'il aurait mis ces pièces sous les yeux du Roi.) Rapport au Roi du ministre de la querre (Victor), 6 janvier. Ce rapport clair, exact, et sans exagération, est terminé par des propositions de

récompense. Pendant tout le mois, la correspondance des généraux avec