Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE L'EST : BELFORT ET COLMAR 171

qu'au sergent Delzaive, une gratification de 1.500 francs. »

Après cette récompense accordée à la loyauté et au dévouement, il fallait punir la trahison. Caron et Roger, qui n’appartenaient plus à l’armée, au lieu d’être traduits devant la cour d'assises, furent renvoyés | devant le conseil de guerre de Strasbourg, pour crime d'embauchage.

Cette procédure illégale fournit, dans la séance de la Chambre du 22 juillet, l’occasion d’un vif incident.

On discutait le budget de la justice. Quelques paroles du garde des sceaux, M. de Peyronnet, poussèrent le général Foy à la tribune.

« Lorsque j'ai lu dans les journaux, dit-il, que Caron et Roger allaient être traduits devant un conseil de guerre, j’ai cru que le journaliste se trompait et qu’on allait juger, au contraire, ceux qui, aux cris de Vive l'Empereur ! avaient embauché Caron et Roger. Je ne devais pas supposer qu’on püt traiter en criminels ceux précisément qui ont été victimes de soldats qui, en vertu d'ordres supérieurs, ont feint d’être en révolte et ont conduit ces deux hommes, comme par la main, à un crime complet. Tout au plus pourrait-on accuser Caron et Roger de proposition de complot non agréée. Je n’abuse pas des mots en qualifiant un pareil fait de trahison et de guet-

apens. (Agitation à droite.) On a vu des troupes, en-