Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

172 LES COMPLOTS MILITAIRES

traînées par leurs chefs, tenter la fidélité de tout un département et parcourir dix communes aux cris dé vive l'Empereur ! Ah! Messieurs, si des hommes égarés avaient répondu par les mêmes cris à ces excitations, je vous le demande, est-il sur la terre un jury qui oserait les condamner ? »

La clôture réclamée par la droite mit fin à l’incident. Caron et Roger, qui auraient certainement été absous par le jury, comparurent, le 18 septembre, devant le conseil de guerre.

L’audition des témoins ne laissa aucun doute sur l'organisation du guet-apens. Caron n’en fut pas moins condamné, à l’unanimité, à la peine de mort. Roger, acquitté du chef d’embauchage, fut renvoyé devant les juges compétents pour ÿ répondre de l’accusation de complot contre la sûreté de l'État.

Le colonel Caron fut fusillé le 1°" octobre, à trois heures del’après-midi,dans unes fossés deStrasbourg. Sa tenue jusqu'à la fin fut calme et digne. Il sé plaça lui-même devant le peloton d'exécution, refusa de se laisser bander les yeux, et commanda le feu (1).

Roger, quelques mois plus tard, passa devant la cour d'assises de la Moselle, avec Forel, ancien offi-

cier de la garde, neveu du général Mouton, et Jous-

(x) Cf. Procès de Caron et de Roger, traduits le 18 septembre devant le conseil de guerre de Strasbourg pour crime d’embauchage. Strasbourg, 1822, in 80.