Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES QUATRE SERGENTS DE LA ROCHELLE 235

Il dit (ce qu’il ne prouva pas) que le nombre des carbonari s'élevait, en France, à 60.000. Il se flatta de décrire l’organisation de la société. Il en étala la puissance dans un tableau fantaisiste, où 1l mettait à la disposition du comité directeur, des érésors, des ambassadeurs, des armées, des dépôts d’armes en tous lieux. « Tout cela est-il croyable? s’écriait-il. Est-il bon d’avouer une situation aussi effrayante? Oui. Le scepticisme et l'indifférence seraient plus fatals que la franchise inquiète. Il ne faut point se flatter sur l’état moral de la patrie, mais sonder courageusement ses plaies pour la rendre à la santé. »

Ces exagérations étaient bien faites pour agir sur le jury. L'avocat général tira aussi parti des poignards trouvés sur les carbonari. Il déclama longuement contre cette importation en France du fer de l'ignominie, de cette arme des traîtres et des lâches.

Comme allait le faire Mangin à Poitiers, Marchangy exprima son indignation contre ceux qu'il appelait les seigneurs de la haute vente, les privilégiés de l'anarchie, qui, du fond de leur comité invisible, à l'abri des dangers auxquels ils exposaient leurs séides, se réservaient uniquement les profits de l’entreprise.

« Allez, leur disent-ils, dans l’insolence de leur

turbulente aristocratie; allez tenter pour nous les