Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

236 LES COMPLOTS MILITAIRES

hasards d’une insurrection dont nous sommes les actionnaires; allez moissonner pour nous sous les coups de la tempête que nous avons allumée, tandis que nous attendrons, à l'abri, que vous ayez frayé un facile accès à notre pouvoir. Nous paraîtrons au signal de vos succès, nous irons vous secourir dans vos triomphes; si la vigilance des tribunaux déconcerte votre entreprise, nous livrerons aux haïnes populaires les magistratsliberticides appelés à vous juger. Nous ferons de leur devoir un péril et de leur impartialité un titre de réprobation. Nous les tiendrons à l’étroit entre la crainte du libelle et celle du poignard. Si vous succombez dans une agression tumultueuse, nous vous érigerons, à grand bruit, des tombeaux; nous ferons sortir des étincelles de votre cendre agitée; nous sourirons aux larmes commandées pour vos funèbres anniversaires, et nous irons jusque dans le temple d’un Dieu de paix chercher des occasions de troubles et de vengeance. »

Le réquisitoire descendait de ces hauteurs à la cause particulière. Après avoir examiné les charges qui pesaient sur chacun des accusés, il se demandait s'il y avait culpabilité là où il n’y avait pas attentat. Mais il rappelait que, d’après la législation actuelle, un commencement d'exécution n’était pas nécessaire pour établir la culpabilité, et que le complot était puni comme l'attentat. (Art. 87 et 89 du Code pénal.)