Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES QUATRE SERGENTS DE LA ROCHELLE 231

Il termina en demandant une punition sévère pour seconder l’œuvre du gouvernement et protéger les intérêts supérieurs de la société. «Si c’est à Paris que s’est organisé un Comité corrupteur qui a mis à l'entreprise le bouleversement de la société, c’est aussi là qu'il s’est trouvé des hommes intègres etinébranlables qui, en brisantles instruments des complots, ont prouvé que, dans la capitale des lys, fleurissent encore l'amour de la justice et la fidélité. »

La défense ne fut pas à la hauteur de l’accusation. Elle avait été confiée aux avocats les plus éminents par leur talent et leur libéralisme, dont la plupart étaient destinés, sous d’autres régimes, aux plus hauts emplois de la politique et de la magistrature : Barthe, Berville, Boulay (de la Meurthe), Delangle, Chaix d’Est-Ange, Mérilhou, Plougoulm, Renouard, etc. Un d’eux, Mérilhou, était membre du comité directeur; plusieurs faisaient partie de la haute vente ou des ventes centrales. Ce n’étaient pas seulement des clients qu'ils venaient défendre, mais des associés

et, en quelque sorte, des complices (1).

(x) Berville plaida pour Baradère, Barthe pour Gauran, Mocquart pour le capitaine Massias, Mérilhou pour Bories, Coffnière pour Goubin, Legouix pour Pommier, Rumilly pour Raoulx, Renouard pour Goupillon. La plaidoirie la plus remarquable fut celle de Chaix d’Est-Ange pour le soldat Bicheron.Avec la voix, les traits, la taille d’un enfant, le jeune avocat (il n'avait que 22 ans)montra dans ce procès les brillantes promesses d’une éloquence, souple, imprévue, spirituelle à la fois et dramatique.