Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES QUATRE SERGENTS DE LA ROCHELLE 239

le 2 et le 3 septembre, des lettres imprimées qui contenaient la liste des membres du jury avec ces mots, écrits à la main : Le sang veut du sang! La mort! Poignard! Le 3, ces lettres furent répandues partout dans Paris.

L’avocat-général en profita, le lendemain, pour déclamer contre les nouvelles menées du carbonarisme et contre les poignards. Il exhorta le jury, devant ces audacieuses attaques, à se défaire de la philanthropie naïve et imprudente que lui conseillaient les défenseurs. Enfin, en reprenant la part de chacun des accusés, il insista sur la culpabilité de Bories :

«Quant à Bories, toutes les puissances oratoires ne pourraient l’arracher à la vindicte publique ! L’accusation persiste à voir, dans ce chef de la vente militaire, le plus coupable de tous les conjurés. On voudrait circonscrire son influence et la faire à la fois naître et expirer au diner d'Orléans. Non, non! Le crime de Bories ne s’arrête pas là. Il vient de plus loin, et va plus avant. Etc. »

Cette phrase malheureuse fut relevée par le défenseur, avec un de ces accents d’éloquence qui lui avaient manqué jusqu'alors.

« Toutes les puissances oratoires ne le sauveront pas, dites-vous? Qu'en savez-vous? Qui vous la dit ? Quelle puissance vous a rendu maître de son

avenir ? Qui vous a initié au secret des jurés? Qui