Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES QUATRE SERGENTS DE LA ROCHELLE 943

chent et s’embrassent : des larmes jaillissent de tous les yeux. Seuls les condamnés sourient et consolent leurs amis. Bories donne ses dernières instructions À un jeune avocat. Goubin prononce le nom de son père. — Ge n'est pas mon père que je plains, dit Raoulx, c’est ma mère.

La Cour revient, et le président prononce l'arrêt qui condamne Bories, Goubin, Pommier et Raoulx, à la peine de mort; Castille, Lefèvre, Dariotseq, chacun à cinq ans de prison; Barlet, à trois ans: Labouré, Cochet et Perreton, à deux ans. Goupillon est exempté de toute peine, mais placé pendant quinze ans sous la surveillance de la police.

Une nouvelle scène de désespoir accueille la sentence. Des cris et des sanglots retentissent dans l’auditoire. Seuls encore, les condamnés conservent leur courage et leur sang-froid. Bories demande qu'on ne les sépare pas pendant le temps qui leur reste à vivre. Quand les gendarmes les font sortir, Pommier s’écrie : « Adieu, mes amis, adieu, vous tous ! Nous sommes innocents ! » Et Bories ajoute, de sa voix toujours calme : « La France nous jugera. »

Pommier, Raoulx et Goubin signérent leur pourvoi en cassation. Bories refusa, À son exemple, les autres se désistèrent. Quant au recours en grâce auprès du roi, aucun d’eux n’y songea.

Les quatre sergents de La Rochelle inspiraient un

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