Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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sociée aux passions et aux vengeances de la monarchie. Les conspirateurs vaincus ne voyaient plus en elle qu'une ennemie.

Quatre heures ayant sonné, les condamnés se dirigèrent vers la porte. Elle s’ouvrit devant le président des assises. On avait attendu des aveux; ces aveux ne venant pas, M. de Montmerqué les sollicita d’une voix émue. Bories avait été en relations avec Lafayette, ses camarades avaient communiqué comme lui avec plusieurs membres de la vente centrale ; d’un mot, ils pouvaient racheter leur vie. Ce mot ne fut pas dit.

Une demi-heure après, quatre charrettes sortirent de la Conciergerie et s'engagèrent entre une double haie de soldats, échelonnés du Palais de justice à la place de Grève. Toute la garnison de Paris était sur pied. Une foule immense et silencicuse garnissait toutes les fenêtres, couvrait les quais, les ponts et jusqu'aux toits des maisons. Quelques carbonart en armes, disséminés çà et là, attendirent un signal qui ne vint pas.

Les charrettes arrivées au pied del’échafaud,Raoulx, qui devait passer le premier, demanda à embrasser ses camarades ; ce qui lui fut accordé. Il monta lestement les degrés, et tandis qu'on l’attachait sur la bascule, il cria d’une voix retentissante : Vive la liberté !