Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

280 LES COMPLOTS MILITAIRES

Réunis en aussi grand nombre que possible sur le point de la frontière le plus rapproché de nos cantonnements, revêtus de l’ancien uniforme et groupés autour du drapeau tricolore, les réfugiés devaient se jeter hardiment sur l'avant-garde où ils s'étaient assuré des intelligences, la contraindre à se replier sur le corps de bataille, et forcer ainsi l’armée à faire demi-tour. Le demi-tour, tel fut le nouveau mot d'ordre, ou, comme on dit alors, le nouvel ordre du Jour, prescrit par la chanson militaire que lança Béranger (mars 1823).

Brav’ soldats, v’la lord’ du jour : Point de victoire

Où n’y a point de gloire.

Brav’ soldats, v’la lord’ du jour : Gard’ à vous ! Demi-tour !

On a dit (Vaulabelle) que legouvernement ne savait rien de ce qui se préparait. C’est une erreur.

Les menées qui avaient accompagné les troupes pendant les étapes ; les désertions qui se multipliaient dans le voisinage de la frontière ; l’envoi des journaux et des écrits séditieux; tout cela n’était pas fait pour laisser le gouvernement dans l'ignorance. Enfin, dès le 17 mars, un rapport du directeur de la police, Franchet, lui signalait précisément le danger sous la forme qu’il allait prendre.

Franchet écrivait au ministrede la guerre: « Mon-