Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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sion de s’en séparer. Il espérait que Victor, une fois sorti du ministère, n’y rentrerait plus, et tandis qu'il montrait au maréchal une ordonnance qui confiait ses fonctions ministérielles par intérim au général Digeon, il en faisait signer au roi une seconde qui nommait Digeon à titre définitif. « Cet imbroglio. fait observer justement Pasquier, tient plus .de la comédie que de la politique. Il faut, pour l'écrire, être aussi certain que je le suis de son exactitude. »

Le duc d'Angoulême était déjà irrité des intrigues dirigées contre son major-général. Mais quand il apprit la nomination de Victor, il éclata. Il écrivit surle-champ à Paris se déclarant prêt à quitter l’armée si on lui imposait un autre major-général que celui qu'il s'était donné lui-même. Il fallut en passer par la volonté d’un neveu cher à Louis XVIII.

Victor, qui s'était empressé de courir à Bayonne, y arriva le 30 mars et se présenta aussitôt chez le duc d'Angoulême. Sans lui donner le temps de placer une parole : « Monsieur le Maréchal, lui dit le prince, je vous préviens que j'ai écrit au roi pour lui demander la révocation de l'ordonnance qui vous nomme major-général de mon armée et que, si elle m'est refusée, je quitterai le commandement. Je suis bien décidé à ne pas jouer ici le rôle secondaire qu'on paraît vouloir m’imposer. Les raisons sur lesquelles

on a fondé votre nomination ne sont pour moi qu’un